Published on April 17, 2024

Recruter à l’international ne se résume pas à remplir des formulaires ; c’est une course d’obstacles stratégique où l’anticipation fait la différence entre le succès et des mois de retard.

  • Les refus d’EIMT viennent souvent de détails techniques méconnus, comme la suspension temporaire des postes à bas salaire à Montréal.
  • L’échec de l’intégration ne tient pas aux formalités, mais à des facteurs humains et logistiques mal préparés : logement, choc culturel et francisation.

Recommandation : Abordez chaque étape non comme une formalité, mais comme une gestion de risque : de l’audit de conformité EIMT à la planification proactive du logement et du parcours de francisation.

Face à la pénurie de main-d’œuvre qui paralyse de nombreux secteurs à Montréal, se tourner vers le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) n’est plus une option, mais une nécessité. Vous avez tout essayé localement, sans succès. Le bassin de talents est à sec. L’idée de recruter à l’international semble donc être la solution évidente. Pourtant, pour un employeur qui s’y aventure pour la première fois, le parcours est souvent semé d’embûches coûteuses et de retards frustrants. On vous a probablement conseillé de “bien remplir les formulaires” ou de “prouver vos efforts de recrutement”. Ces conseils, bien que justes, ne sont que la pointe de l’iceberg.

La plupart des guides se concentrent sur le processus administratif, en omettant les véritables raisons d’échec : les angles morts stratégiques. Pourquoi une demande d’Évaluation d’impact sur le marché du travail (EIMT) est-elle refusée alors que votre besoin est criant ? Comment la nouvelle Loi 96 sur le français transforme-t-elle vos obligations en un véritable défi de gestion ? Et une fois le travailleur arrivé, comment éviter qu’il ne reparte après six mois, anéantissant votre investissement à cause d’un choc culturel ou d’une crise du logement ?

Cet article adopte une perspective différente. Au lieu de simplement lister les étapes, nous allons adopter l’angle de la gestion des risques. Mon approche de consultant en immigration certifié CRCIC consiste à identifier les points de rupture avant qu’ils ne surviennent. La véritable clé pour accélérer le processus n’est pas la vitesse d’exécution, mais l’anticipation des obstacles. Il s’agit de transformer chaque exigence, qu’elle soit administrative, linguistique ou logistique, en un avantage pour attirer et surtout, retenir un capital humain durable.

Nous allons décortiquer ensemble les pièges les plus courants et les stratégies concrètes pour les déjouer, de la demande d’EIMT jusqu’à la fidélisation de vos talents sur le long terme. Ce guide vous donnera les outils pour naviguer avec succès dans les complexités du recrutement international au Québec.

Pourquoi votre demande d’EIMT est refusée malgré la pénurie évidente ?

Le refus d’une demande d’Évaluation d’impact sur le marché du travail (EIMT) est la première et la plus grande frustration des employeurs. Vous manquez de personnel, le marché local est vide, et pourtant, le gouvernement juge que votre besoin n’est pas justifié. L’erreur commune est de croire qu’il suffit de prouver l’absence de candidats québécois. En réalité, Service Canada évalue la demande selon des critères techniques et économiques très stricts qui vont bien au-delà de vos efforts de recrutement.

Un facteur souvent ignoré est l’existence de politiques conjoncturelles. Par exemple, une mesure spécifique peut affecter directement votre demande sans que vous en soyez conscient. C’est le cas avec la suspension temporaire du traitement des demandes d’EIMT pour les postes à bas salaire dans la région de Montréal, en vigueur jusqu’en novembre 2025. Si votre poste tombe dans cette catégorie, votre demande sera refusée d’office, peu importe l’intensité de la pénurie. Il est donc crucial de vérifier si votre secteur ou votre région fait l’objet de mesures restrictives.

De plus, l’alignement du salaire est un point de friction majeur. Il ne suffit pas d’offrir le salaire minimum ou ce que vous payiez auparavant. L’agent évaluateur se base sur les données salariales du Guichet-Emplois pour votre profession et votre région précises. Un salaire jugé inférieur à la médiane ou au taux en vigueur est une cause de refus quasi automatique. La justification de vos efforts de recrutement doit également être impeccable : au moins 4 semaines de publication sur 3 plateformes distinctes, dont le Guichet-Emplois, sont un minimum non négociable. Chaque détail compte, et la moindre incohérence peut faire dérailler le processus.

Votre plan d’action pour éviter le refus d’EIMT au Québec

  1. Vérifier l’éligibilité : Assurez-vous que votre région et le niveau de salaire du poste (ex: < 34,62$/h à Montréal) ne sont pas visés par une suspension temporaire.
  2. Documenter le recrutement : Conservez des preuves de vos efforts de recrutement local pendant un minimum de 4 semaines sur au moins 3 plateformes, incluant obligatoirement le Guichet-Emplois.
  3. Aligner le salaire : Basez le salaire offert sur les données à jour de l’Enquête sur la rémunération de l’ISQ ou du Guichet-Emplois pour votre région métropolitaine.
  4. Justifier l’impact : Rédigez une lettre de justification solide qui quantifie l’impact économique négatif de la vacance du poste sur la productivité et la croissance de votre entreprise.
  5. Soumettre simultanément : Déposez votre demande d’EIMT aux deux paliers de gouvernement, fédéral (Service Canada) et provincial (MIFI), en utilisant la plateforme ARRIMA pour le volet québécois.

Comment gérer les nouvelles exigences de francisation de la Loi 96 pour vos travailleurs ?

La Loi 96 a introduit des obligations de francisation qui transforment le recrutement international au Québec. Loin d’être une simple formalité, la maîtrise du français devient une condition centrale pour l’obtention des permis de travail et leur renouvellement. Pour un employeur, ignorer ces exigences n’est plus une option ; c’est un risque direct pour la continuité de ses opérations. Il est donc impératif de ne plus voir la francisation comme une dépense, mais comme un investissement stratégique dans la rétention de vos talents.

L’étude sur les nouvelles obligations de francisation pour les entreprises québécoises met en lumière des échéances claires. À partir du 17 décembre 2025, les entreprises de 25 employés et plus devront être engagées dans un processus de francisation reconnu pour obtenir une EIMT. Plus directement, une nouvelle exigence linguistique s’appliquera aux travailleurs eux-mêmes : à compter du 17 décembre 2028, un travailleur temporaire qui cumule trois ans de séjour au Québec devra démontrer un niveau 4 de français à l’oral (selon l’Échelle québécoise) pour pouvoir renouveler son permis.

Cette mesure force les employeurs à une planification proactive. Attendre la dernière minute est la recette pour un échec. Il faut mettre en place un plan d’intégration linguistique dès l’arrivée du travailleur. Cela peut inclure :

  • Identifier des partenaires de formation comme les cégeps ou les centres de services scolaires qui offrent des cours en entreprise.
  • Évaluer le niveau de français de vos employés dès leur embauche pour personnaliser leur parcours.
  • Organiser des formations directement sur le lieu de travail pour minimiser les contraintes logistiques, avec l’aide des conseillers du MIFI.
  • Budgétiser les coûts, qui incluent non seulement les frais de cours, mais aussi le temps de formation qui devrait être rémunéré.
  • Explorer les subventions offertes par Services Québec ou des programmes comme PME MTL pour cofinancer ces initiatives.

En présentant ce parcours de francisation dès le processus d’embauche, vous transformez une contrainte légale en un avantage compétitif, attirant des candidats qui ont un véritable projet de vie au Québec.

Où loger vos travailleurs étrangers à Montréal sans exploser votre budget de relocalisation ?

Une fois les obstacles administratifs franchis, un défi bien plus concret se présente : le logement. La crise du logement à Montréal est une réalité qui peut transformer l’arrivée d’un travailleur en véritable cauchemar et compromettre son intégration. Pour un employeur, la gestion de ce risque logistique est cruciale. Proposer un salaire attractif ne suffit pas si le travailleur ne peut pas se loger décemment ou passe des heures dans les transports.

Une stratégie efficace consiste à penser au-delà de la location traditionnelle et à explorer des solutions alternatives plus flexibles et économiques, surtout pour les premiers mois. Il est essentiel de considérer l’équation coût du logement-proximité du lieu de travail. Les quartiers centraux sont souvent inabordables, tandis que les zones plus éloignées mais bien connectées aux parcs industriels peuvent offrir un meilleur équilibre.

Vue aérienne stylisée de Montréal montrant les zones résidentielles abordables connectées aux parcs industriels par le réseau de transport

Ce lien entre logement abordable et accès aux zones d’emploi est un argument clé de votre proposition de valeur. En aidant activement votre nouvel employé à s’installer dans un quartier comme Verdun ou Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, bien desservi par le métro vers des zones industrielles comme Anjou ou Saint-Laurent, vous levez une source de stress majeure.

Pour vous aider à structurer votre offre, voici une comparaison des options de logement temporaire pour les nouveaux arrivants, basée sur une analyse des solutions disponibles à Montréal.

Comparaison des options de logement pour travailleurs étrangers à Montréal
Type de logement Coût mensuel moyen Avantages Quartiers recommandés
Résidences étudiantes hors-saison 600-900 $ Meublé, flexible, services inclus Près UQAM, Concordia
Co-living professionnel 700-1100 $ Communauté intégrée, espaces communs Mile-Ex, Griffintown
Bail corporatif groupé 500-800 $ par personne Économies d’échelle, proximité collègues Verdun, Mercier-Hochelaga
Location traditionnelle 900-1400 $ Autonomie complète, choix personnalisé Saint-Laurent, Anjou

Le risque de voir vos travailleurs repartir après 6 mois à cause du choc culturel

Le recrutement est une chose, la rétention en est une autre. L’un des risques les plus sous-estimés par les employeurs est le choc culturel et l’isolement qui peuvent frapper un travailleur étranger durant ses premiers mois. Un permis de travail obtenu et un logement trouvé ne garantissent pas une intégration réussie. Sans un réseau de soutien et une compréhension des réalités québécoises, le mal du pays et le sentiment d’être dépassé peuvent mener à un départ prématuré, réduisant à néant votre investissement.

L’Union des producteurs agricoles du Québec, qui a une longue expérience avec les travailleurs étrangers, rapporte que l’adaptation peut prendre jusqu’à 12 mois. Durant cette période, les défis sont nombreux : barrière de la langue, solitude, adaptation à des normes sociales et professionnelles différentes, et gestion des tâches quotidiennes comme l’épicerie ou l’ouverture d’un compte bancaire.

Groupe multiculturel de travailleurs partageant un moment convivial dans un espace communautaire montréalais

L’antidote à ce risque est une intégration proactive. Les entreprises qui réussissent le mieux sont celles qui mettent en place un programme d’accueil structuré bien avant l’arrivée et qui continue pendant la première année. Selon une étude sur les programmes d’intégration réussis, les meilleures pratiques incluent :

Exemple d’un programme d’accueil structuré

Une entreprise manufacturière de la Rive-Sud a réduit son taux de roulement de travailleurs étrangers de 40 % en un an en implantant un programme simple. Celui-ci comprend un programme de parrainage où chaque nouvel arrivant est jumelé à un employé québécois volontaire pour des questions informelles. L’entreprise organise également des transports groupés pour l’épicerie une fois par semaine et a négocié des ententes avec la banque locale pour faciliter l’ouverture de comptes. Enfin, en partenariat avec des organismes comme le CIMOI (Comité d’intégration des Migrants et des Immigrantes), elle offre un soutien à la recherche d’emploi pour le conjoint du travailleur, un facteur clé dans la décision de la famille de rester à long terme.

Ces initiatives montrent au travailleur qu’il n’est pas seulement une main-d’œuvre, mais une personne dont le bien-être est important. Cet investissement humain est le plus rentable pour assurer une collaboration durable.

Quand entamer les démarches de CSQ pour retenir vos travailleurs à long terme ?

Un travailleur étranger temporaire performant et bien intégré est un atout précieux. Le plus grand risque serait de le perdre à la fin de son contrat parce qu’aucune voie vers la stabilité n’a été envisagée. Pour un employeur, la transition du statut temporaire vers la résidence permanente via le Certificat de sélection du Québec (CSQ) n’est pas qu’un service rendu à l’employé ; c’est le meilleur outil de rétention à long terme. La question n’est donc pas “si” mais “quand” commencer les démarches.

La réponse est : le plus tôt possible. Le parcours d’immigration doit être présenté dès le processus de recrutement comme une possibilité concrète. Cela positionne votre entreprise comme un employeur de choix qui offre non seulement un emploi, mais un projet de vie. Les règles évoluent constamment, et il est crucial de rester à jour. Par exemple, à partir du 17 décembre 2028, les travailleurs temporaires devront démontrer un niveau 4 de français oral requis après 3 ans simplement pour renouveler leur permis de travail temporaire. Cette exigence renforce l’importance de planifier la francisation en parallèle du projet de résidence permanente.

Le parcours vers la résidence permanente au Québec est une course de fond qui se prépare par étapes. Voici une feuille de route typique pour accompagner votre travailleur :

  1. Dès l’embauche : Présentez clairement les deux voies principales vers la résidence permanente : le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), plus rapide mais avec des exigences linguistiques plus élevées, et le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ).
  2. Après 12 à 24 mois de travail : Évaluez l’admissibilité de l’employé au PEQ. La durée d’expérience de travail requise varie (généralement 24 mois), mais il faut anticiper. C’est le moment de vérifier si le poste occupé est conforme aux exigences du MIFI.
  3. Après 24 mois : Si le niveau de français n’est pas encore atteint, c’est le moment de lancer une préparation intensive aux tests reconnus (TEF, TCF). Offrir un financement pour ces cours est un investissement direct dans la rétention.
  4. Après 36 mois : Une fois les critères d’expérience et de langue remplis, soumettez la demande de CSQ. Assurez-vous que les lettres d’emploi et les descriptions de poste sont parfaitement alignées avec ce qui a été déclaré au MIFI.
  5. Après le CSQ : Le processus n’est pas terminé. Accompagnez votre employé dans la dernière étape, la demande de résidence permanente au niveau fédéral, qui est généralement une formalité après l’obtention du CSQ.

Cette approche structurée démontre un engagement fort de votre part et sécurise votre investissement en capital humain.

Pourquoi les jeunes délaissent-ils les métiers d’usine malgré les bons salaires ?

Pour bien comprendre la nécessité du recrutement international, il faut d’abord saisir la réalité du marché du travail local. De nombreux employeurs du secteur manufacturier montréalais sont confrontés à un paradoxe : ils offrent de bons salaires, des avantages sociaux et des environnements de travail modernisés, mais peinent désespérément à attirer la relève québécoise. La raison est un décalage profond entre les aspirations des jeunes générations et la perception du travail industriel.

Même si l’industrie 4.0 a transformé les usines avec la robotisation et l’automatisation, l’image d’un travail répétitif, bruyant et peu valorisant persiste. Les jeunes talents locaux, élevés dans une économie de services et du savoir, privilégient aujourd’hui des valeurs différentes :

  • La flexibilité : Le désir de concilier vie professionnelle et personnelle, avec des options comme le télétravail, est une attente forte, souvent incompatible avec les contraintes d’une production sur site.
  • La quête de sens : Les nouvelles générations cherchent un travail qui a un impact visible et positif, une mission à laquelle ils peuvent adhérer, ce qui est parfois difficile à percevoir dans une chaîne de production.
  • Le développement de carrière : Ils recherchent des parcours de carrière rapides et des opportunités d’apprentissage continu dans des domaines de pointe comme la technologie ou la création.

En revanche, comme le montre l’analyse du décalage générationnel dans l’industrie manufacturière québécoise, les travailleurs étrangers qualifiés perçoivent ces mêmes postes sous un angle totalement différent. Pour eux, un emploi stable dans le secteur manufacturier n’est pas un simple gagne-pain. C’est la porte d’entrée vers un projet de vie : la stabilité économique, la possibilité d’acheter une propriété, d’offrir une éducation de qualité à leurs enfants et de s’établir durablement au Québec. Cette motivation intrinsèque se traduit par un engagement et une loyauté souvent plus élevés. Comprendre cette divergence de perspectives est fondamental pour ajuster votre discours de recrutement et valoriser les atouts de votre entreprise auprès d’une audience internationale.

Transport, logement, culture : quel argumentaire pour convaincre vos cadres de déménager ?

Recruter un cadre ou un professionnel hautement qualifié à l’international est un exercice de vente. Vous n’offrez pas seulement un poste, mais un changement de vie pour toute une famille. Face à la compétition d’autres métropoles nord-américaines comme Toronto ou Vancouver, Montréal possède des atouts uniques et puissants qu’il faut savoir mettre en avant. L’argumentaire ne doit pas se limiter au salaire ou aux défis professionnels, mais doit englober la qualité de vie globale.

Le premier argument, et le plus percutant, est financier. Le coût de la vie à Montréal est significativement plus bas. Un cadre qui hésite entre un poste à Montréal et un autre à Toronto doit comprendre que son pouvoir d’achat sera bien plus élevé au Québec, notamment grâce à un marché immobilier plus accessible et à des services publics, comme les garderies, beaucoup moins chers. Il ne s’agit pas de détails, mais d’arguments qui se chiffrent en dizaines de milliers de dollars d’économies annuelles.

Pour concrétiser cet avantage, une analyse comparative des indicateurs clés est votre meilleur outil. Le tableau suivant met en lumière l’avantage compétitif de Montréal pour un cadre international.

Avantage compétitif de Montréal pour les cadres internationaux
Critère Montréal Toronto Vancouver
Coût de la vie (indice) 75 100 95
Prix médian propriété 550 000 $ 1 200 000 $ 1 400 000 $
Secteurs porteurs pour conjoints IA, jeux vidéo, aérospatiale Finance, tech Tech, ressources naturelles
Délai résidence permanente 18-24 mois (via CSQ) 24-36 mois 24-36 mois
Frais de garde mensuels 200 $ (CPE) 1 500 $+ 1 300 $+

Au-delà des chiffres, votre argumentaire doit se construire autour d’un package de relocalisation complet qui adresse les préoccupations de toute la famille. Mettez en avant le marché du travail dynamique pour le conjoint dans des secteurs de pointe montréalais (IA, santé), soulignez l’accès plus rapide à la résidence permanente via le système québécois, et proposez un accompagnement concret pour l’intégration familiale (aide à l’inscription scolaire, cours de français, etc.). Positionnez Montréal comme ce qu’elle est : un hub nord-américain unique, à la fois francophone et multiculturel, offrant une qualité de vie exceptionnelle.

À retenir

  • La gestion des risques prime sur la vitesse : Anticipez les points de blocage (suspension d’EIMT, salaires non conformes) pour éviter des mois de retard.
  • L’intégration est un investissement, pas une dépense : Un plan proactif pour le logement, la francisation (Loi 96) et le choc culturel est la clé de la rétention.
  • Pensez long terme dès le premier jour : Présentez la voie vers la résidence permanente (CSQ) comme un outil de fidélisation pour transformer un poste temporaire en un projet de vie.

Comment recruter des soudeurs compétents à Montréal malgré la pénurie de main-d’œuvre ?

La pénurie de soudeurs, comme pour de nombreux métiers spécialisés, est particulièrement aiguë à Montréal. Les entreprises qui réussissent à pourvoir ces postes ne se contentent pas de publier des offres en espérant une candidature miracle. Elles déploient une stratégie de recrutement international ciblée et proactive, en transformant le processus d’immigration en un avantage concurrentiel.

La première étape de cette stratégie est le ciblage géographique. Au lieu de chercher partout, les entreprises les plus efficaces concentrent leurs efforts sur des pays dont les programmes de formation en soudure sont reconnus pour leur compatibilité avec les normes québécoises. La France, la Belgique et la Tunisie sont des bassins de talents privilégiés. Participer activement aux missions de recrutement organisées par le gouvernement, comme les Journées Québec, permet de rencontrer et d’évaluer ces candidats directement sur place, optimisant ainsi le processus de sélection.

La véritable clé du succès réside cependant dans l’anticipation des barrières à l’entrée. Comme le souligne une étude sur les stratégies de recrutement pour métiers spécialisés, l’erreur la plus commune est d’attendre l’arrivée du travailleur au Québec pour faire reconnaître ses qualifications. Une approche proactive consiste à initier l’évaluation des diplômes et des compétences par les organismes réglementaires compétents (comme la Commission de la construction du Québec ou les comités paritaires) avant même de lancer la demande de permis de travail. Cette démarche, bien que nécessitant un investissement initial, évite des mois de blocage à l’arrivée et garantit que le soudeur sera opérationnel beaucoup plus rapidement.

Enfin, il est essentiel d’utiliser les bons programmes d’immigration. Le Québec a mis en place des projets pilotes spécifiquement pour les métiers en demande dans certains secteurs. Ces programmes offrent des conditions assouplies. Par exemple, certains projets pilotes du Québec pour les métiers en demande permettent que des cours de francisation sont offerts plutôt qu’exigés à l’entrée, levant ainsi une barrière importante pour les travailleurs qualifiés non francophones. En combinant un ciblage géographique intelligent, une validation proactive des compétences et l’utilisation de programmes d’immigration accélérés, vous pouvez transformer le défi de recruter un soudeur en une réussite prévisible.

Pour transformer ce défi de recrutement en une opportunité de croissance durable, la prochaine étape consiste à auditer votre processus actuel et à bâtir une stratégie d’accueil sur mesure. Une approche bien planifiée est votre meilleur atout pour attirer et fidéliser les talents dont votre entreprise a besoin.

Written by Sophie Gagnon, Directrice des Ressources Humaines Manufacturières, membre de l'Ordre des CRHA. Spécialiste du recrutement international, de la francisation et du développement des compétences techniques en contexte de pénurie de main-d'œuvre.